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Conservation des films pour les amateurs

Ce texte est principalement destiné aux collectionneurs "amateurs" de films argentiques, aux ciné-archivistes curieux du sujet.

Nous vivons une époque de transition dans l'histoire du cinématographe et l'abandon du support film argentique, qui entrait dans la définition même du vocable "cinématographe", au profit de nouveaux supports numériques et une dématérialisation du film dans le cadre de la "convergence média". [Voir la page dédiée à cette question]. Depuis 2012, les tirages dits en "série" sont terminés pour l'exploitation traditionnelle et rares sont les sorties en support argentique.

Cette réalité occupe beaucoup les esprits, à juste titre d'ailleurs, mais il ne faut pas oublier certains fondamentaux, comme le fait que le support film argentique est toujours incontournable dans le domaine des archives de films, car sans relève officielle validée par les instances internationales comme l'U.N.E.S.C.O. ou la F.I.A.F ( Fédération Internationale des Archives du film).

La matérialité du support film renvoie à la technique, au concret, aux matériaux (par ailleurs périssables) et pour certains à des problématiques « impures », comparées aux questions esthétiques et historiques qui sont pourtant le fruit des contraintes et des possibilités liées au dispositif cinématographique. Sans la matérialité du film, sans ses possibilités, les contraires technologiques et les informations enregistrées sur un support (même numérique), il n'y a pas d'images et pas de film (ce que certains ne semblent toujours pas comprendre).

A toutes les époques, des opportunités ont existé pour récupérer des films des gémonies pour ceux qui en avaient la volonté !

Le film, qui est de plus en plus perçu comme un simple "produit " (avec un modèle économique) doit aussi rester une œuvre d'Art accessible, ce à quoi peuvent aider les collections privées ou les "petits" fonds d'archives qui sont aujourd'hui en train de disparaitre.

Les collectionneurs de films de cinéma (photochimique / argentique) sont aujourd'hui beaucoup moins nombreux avec la vidéo et spécialement le développement de la vidéo-projection, mais ils possèdent parfois des milliers de films, des centaines d'appareils des plus petits formats au 70 mm ! Il sont les gardiens d'une part non négligeable de notre patrimoine. N'oublions pas, que s'il n'y avait pas eu des collectionneurs pour les sauver du pilon (des haches puis des bains de solvant) nombres d'œuvres, il n'y aurait dans la plupart des cas, pas de cinémathèques ou de centres d'archives cinématographiques.

Vous pouvez également consulter en ligne, depuis mars 2014, ma thèse de doctorat sur Les collections privées de films en support argentique en France (soutenue à l'Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines en novembre 2009). Pour les courageux lecteurs de mes 684 pages sur le sujet, précisons que cet état des lieux est celui de 2009 et que les choses ont un peu bougé, depuis en particulier, la fin de l'exploitation en argentique.

Cette page s'inscrit aussi comme un complément au site de l'association que j'ai créée en 2012 sous le nom d'Atelier du 7ème Art avec plusieurs visites de collections privées (dont la nôtre).

Historiquement, les collections de films se sont d’ailleurs faites assez souvent contre le système des grands producteurs et distributeurs français ou étrangers. On peut par exemple considérer qu’Henri Langlois, figure de proue de l’archive cinématographique, était un collectionneur privé et même qu’il a continué à gérer les collections de la Cinémathèque française comme tel. Les fonds des cinémathèques d’aujourd’hui doivent beaucoup aux « collectionneurs », ce que de nouvelles générations de cinémathécaires ou de chercheurs ont tendance à oublier (y compris dans leurs publications) sans même évoqué un mépris revendiqué pour le sujet !

Il faut aussi se souvenir que, jusqu’aux années 1970, le support film était le seul moyen pour eux de disposer d’un film et avait à ce titre un usage "fonctionnel" pour voir des films non distribués.

Depuis la situation a évolué, et avec le cinéma Digital, le film prend des formes dites "immatérielles" via des fichiers vidéo sur des disques durs. Le support argentique devient pour beaucoup un objet obsolète... donc assimilé à une "antiquité"... sans valeur.


 

I) Généralités

- L'histoire du cinéma ressemble malheureusement à une gigantesque rubrique nécrologique. L’histoire de la « patrimonialisation » du film, s’est faite lentement depuis 1898 avec Boleslaw Matuszewski photographe polonais qui, de France, dans son texte Une Nouvelle Source de l'histoire émit l’idée de conserver les films.

Les aléas de la conservation des films dans le cadre de l’industrie du cinéma ont abouti à ce qu’un nombre considérable de films ait disparu et la première cause est non pas la destruction chimique des supports mais les vagues de destructions volontaires (recyclage des matériaux, accidents, etc.).

L'histoire est ainsi émaillée de vagues de destruction du support film considéré comme objet périmé: en 1908, première vague de destruction pour récupérer les sels d'argent, 1925 à cause de l'invention de la pellicule panchromatique, 1930 avec le parlant, la crise économique et la chute de fréquentation, la guerre avec la récupération du film comme matériaux à la fonte (25 francs de l'époque du kg), puis, dans une moindre mesure, après la couleur ou les formats larges, etc. En 1959, il est interdit en France aux producteurs et distributeurs de conserver des films en nitrate (fabriqués jusqu'en 1953) d'où une "vidange" rapide avec un grand nombre de destructions à la clef pour s'en "débarrasser".

On peut rajouter à cela les destructions volontaires pour des raisons liées à l'obsolescence des sujets comme en France, les grandes destructions de 1910 par l'Union des Grands Editeurs (Pathé, Gaumont, etc. [publicité ci dessus]) pour stimuler la production de films nouveaux jusqu’à une certaine prise de conscience de l’intérêt patrimonial.

Des réseaux de centres d’archives de films, des bibliothèques du cinéma et donc des "cinéma-thèques", se sont développés tout d’abord comme lieux de connaissance, comme pour les premières cinémathèques éducatives des années 1920 avec des films ayant valeur de documents, pour devenir par la suite la mémoire d’un Art.

Il ne faut pas oublier que c'est principalement à des collectionneurs comme Henri Langlois que l'on doit sur leur propre initiative (privée) la fondation de la Cinémathèque française en 1936 (dont les nouveaux locaux du "51 rue de Bercy" sont ouverts depuis la rentrée 2005). La création de la Fédération Internationale du Film en 1938 a donné une impulsion mondiale à cette préoccupation même si, aujourd'hui c'est encore très "théorique" pour certains qui ont du mal à apprehénder les tenants et les les aboutissants d'un tel sujet y compris en ce qui concerne els appareils.

Une dernière vague de création de cinémathèques régionales ou thématiques est depuis en cours à l’instar, par exemple, de CICLIC pour la région Centre, qui participe à un maillage du territoire français de plus en plus complet, avec certainement une centaine de centres d’archives de tailles diverses, mais trop souvent méconnus des uns des autres.

Une évaluation de 1989 réalisée par la F.I.A.F montrait qu'environ 80% des films muets des premiers temps du cinéma (avant 1914) et 50% d'avant 1950 avaient irrémédiablement disparu. Une étude de la Bibliothèque du Congrès en 2013 avançait qu'il restait trace de 14% des 11 000 films de plus de 40 minutes tournés entre 1912 et 1929 aux USA soit 1575 films dont seulement 562 sur le format 35mm d'origine.

De par l'importance de la production cinématographique et audiovisuelle, le problème est un puits sans fond, spécialement si on y intégre la vidéo quelle soit analogique ou... numérique.

De nos jours, "l'incendie" de cette grande partie de notre patrimoine culturel est donc diffus mais certainement d'une ampleur comparable dans le domaine du film (dont on sait l'importance qu'il occupe dans l'histoire et la culture contemporaine) puisqu'en 2012, un français (de plus de 5 ans) regardait la télévision en moyenne 3 heures 50 minutes par jour ! La situation ressemble à la gravité de l'incendie de la grande bibliothèque d'Alexandrie (en 47 av JC) mais d'une façon plus diffuse et invisible. Cela est d'autant plus vrai que beaucoup de films sont d'ailleurs en support unique (comme en 2005, au moment du lancement d'un grand programme de numérisation, 80% des films de l'I.N.A. (l'Institut National de l'Audiovisuel) même si les choses progressent vite de ce côté depuis.

Plus de 120 grandes institutions situées dans plus de 65 pays récupèrent et assurent officiellement la sauvegarde de l'histoire du cinéma de ses débuts jusqu'à nos jours. Elles sont réunies au sein de la F.I.A.F ( Fédération Internationale des Archives du film). Cette fédération créée en 1938 réunit les institutions qui, dans chaque pays, se consacrent à la recherche et à la conservation des films comme par exemple en France : le C.N.C (Centre National du Cinématographie) qui compte au moins 135 000 titres de films dans ses collections, l'I.N.A (Institut National Audiovisuel) pour les images de télévision (qui durent être reportées sur films pendant longtemps pour leur conservation) et l'E.C.P.A-D (Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense) pour les archives militaires ou produites par l'Armée.

Ces établissements (par la création du dépôt légal en 1943, puis en 1976 par un décret du 23 mai 1977 et enfin un du 31 décembre 1993) ont avec les quelques autres Cinémathèques officielles la responsabilité de la conservation des films sous leur double aspect de biens culturels et de documents historiques.

Pour la France, la situation s'est  améliorée depuis ce rapport avec d'une part une certaine réussite du plan "Nitrate" pour les films des premiers temps et un dépôt légal (pour la France) plus exhaustif à partir de... 1994. Beaucoup de films, pour diverses raisons (édités à moins de 6 copies, sortis avant 1977 et pas archivés, méprisés comme les films institutionnels ou bien sûr les films de famille, etc.) ont échappé au système, qui par ailleurs ignore souvent royalement les collections privées depuis la fin des années 1970.

Seulement 35 à 40% de court-métrages avaient été déposés début 2008 au dépôt légal du Centre National de la Cinématographie (C.N.C) depuis le début des années 1990. Il reste un grand nombre de films, par exemple, des années 1970-1980 ou des films institutionnels qui sont menacés, car n'ayant intéressé que trop peu d'archives comme certains documentaires, etc. L'état des lieux que présentait le CNC en 2019 à propos des copies présentes ou non dans les laboratoires français allait dans ce sens sens. De grandes sociétés comme le groupe Ymagis gérant par exemple Eclair patrimoine ou le groupe Cité de la Mémoire à Paris (ayant absorbé, Archive TV, l'ANATEC et LTC patrimoine) sont loin de détenir des éléments de tous les films produits en France depuis la Guerre

Signalons que de nombreuses cinémathèques régionales ont été créées, comme en 1986 la Cinémathèque de Bretagne, ainsi que des cinémathèques thématiques. Il existe en France des centaines de structures, assez souvent méconnues, où l'on peut trouver des films argentiques.

Les institutions comme la Cinémathèque française (dont le stock principal de copies est au fort de Saint-Cyr) ou le C.N.C (au Fort de Bois d'Arcy) se sont lancées dans de grands programmes de restauration et de sauvegarde du patrimoine filmique. Comme particulièrement le "plan Nitrate" qui visait à sauver les films sur ce support (inventé en 1887-1889 par Hannibal Goodwin), c'est à dire tous les films en 35 mm sortis avant les années 1951-1953 (et 1959 pour l'URSS). Ce support qui est hautement inflammable (son autre nom est d'ailleurs le "film flamme" à cause d'un de ses composants : la "nitrocellulose" qui composait aussi les explosifs) s'autodétruit avec le temps pour devenir irrécupérable et ce même dans de bonnes conditions de stockage.

 

Pour beaucoup de films Nitrate, il était déjà trop tard car la prise de conscience a été tardive, puisque le plan n'a été initié qu'à partir de 1990 et exécuté en 1991 jusqu'en théorie en 2006. Le CNC par exemple a permis (via un transfert vers des supports safety) de sauver plus de 15 000 œuvres en 15 ans pour 80 millions d'euros (même si pour ma part, et comme d'autres, j'en retrouve encore régulièrement).

Ci dessus le type de spectacle que j'ai connu lors d'un passage comme stagiaire mi 1999 à l'E.C.P.A. (à l'époque "Établissement Cinématographique et Photographique des Armées") parmi les films du Service de Santé des Armées de 1916 à 1923 sur lesquels j'ai travaillé (en particulier sur la syphilis et les troubles psychiques liés à la première guerre).

J'ai donc vu personnellement, pour la dernière fois au monde, une douzaine de films de ce service qui n'ont pas été sauvés car dans un état de dégradation relativement avancé (surtout en terme de" retrait" / rétrécissement de la pellicule) et donc refusés par les prestataires (externes). Adieu "Danses serbes" et autres moments de vie des soldats de la Grande guerre !

Dans un autre registre, nombre d'organismes (même publics), d'entreprises, particuliers, etc. jettent notre patrimoine cinématographique sans s'assurer qu'ils possèdent encore une bonne copie des films. Parfois, comme il y a quelques années aux USA pour certains films, on a détruit des masters argentiques pour se limiter à des copies vidéo aux normes actuelles. C'est avoir la vue courte, car sous leurs airs de vieilleries, les bobines de films sont déjà sur le plan de l'image (ce qui est l'essentiel pour un film) aux normes de l'après vidéo numérique HD ("Haute Définition"), qui se doit au moins d'égaler l'argentique. Ce faisant, ils interdisent ou limitent notre possibilité dans ce futur indéterminé de les voir dans toutes leurs qualités, enfin à l'abri des outrage du temps....

Moi-même, y compris dans le cadre profesionnel  qui est miens, pour un fonds national, celui de La cinémathèque Centrale de l'Enseignement Public de la DBU de la Sorbonne-Nouvelle Paris 3, je passe mon temps à courrir derrière des copies "désherbés" à la hate pour des raisons diverses dont, par manque de place. trop souvent le bébé part avec l'eau du bain et on s'en mord les doigts après. Tous les documents sont intéssants ou devraient l'être au moins pour des motifs historiographiques.

D'ailleurs pour pouvoir faire des éditions en HD ou remplir les contenus d'Internet en Web 2.0, 3.0, 4.0, etc. encore faut-il avoir les films ! La collecte est encore loin d'être achevée comme certains recoupements élémentaires le montrent sur certaines bases de données.

C'est un des axes qui est aujourd'hui le mien sur le plan professionnel avec la Cinémathèque Centrale de l'Enseignement Public ou associatif avec l'Atelier du 7ème Art.

 


Quid de la conservation des films dits "Safety" ?

La prise de conscience est tardive et malheureusement encore très incomplète. La crise financière et la baisse des budgets de la culture n'arrange rien. Le problème de la conservation "d'images animées" (donc aussi de la vidéo) doit nous faire agir pour que nos enfants, dans le futur, n'aient pas à restaurer les films que nous n'aurons pas pu, par manque de moyens et de volonté, sauvegarder correctement dès aujourd'hui. Combien de films "anciens" sont par ailleurs conformes à la copie originale du fait de transferts de support souvent approximatifs ?

Le problème touche aussi les films plus récents sur les supports qui n'ont pas toujours été conservés comme ils auraient du avec, par exemple, des conséquences au niveau des couleurs de graves conséquences lors d'expositions à l’humidité comme ci dessous.

Le 35 mm est devenu dans les années cinquante "Safety", c'est à dire "ininflammable" (à l'instar des petits formats dits "sub-standards" comme le 17,5 mm, le 16 mm, le 9.5 mm, etc. depuis 1912 et le lancement du Pathé "Kok" de 28mm pour les amateurs). Le support film de "sécurité" ne présente donc aucun danger à la manipulation et est beaucoup plus stable chimiquement, car en Acétate (di acétate fabriqué de 1922 à 1957 puis tri-acétate). Le syndrome du vinaigre peut toutefois l'affecter.

Ce syndrome du vinaigre est lié à la présence d'acide acétique, qui s'évapore jusqu'à un point "autocatalytique" et la destruction totale est alors inévitable en quelques années (il semble que les films édités entre 1960 et 1975 soient plus sensibles au processus). Un manque d'aération, une forte humidité ambiante et des variations de température (avec des températures élevées) semblent déclencher le processus. L'ECPA-D a, par exemple, pris dans le milieu des années 2000 le problème à bras le corps en lançant la construction de nouveau locaux fortement réfrigérés à 3°c et 35% d'hygrométrie et en plaçant des bandes pH dans les boites présentant les premiers signes de la pathologie, ainsi que de nombreux capteurs ailleurs. De nombreuses cinémathèques font aujourd'hui de même mais celà est très couteux.

Du côté de l'émulsion (l'image), si le Noir et Blanc est bien sur très stable, les films couleur virent, même insensiblement, dès 6 ans de stockage sauf dans des cas particuliers comme le "Technicolor historique" dont le dernier film utilisant un positif de cette nature a été aux U.S.A The Godfather: Part II de Francis Ford Coppola en 1974 (outre les tirages couleurs de Chine Populaire jusqu'en 1993). Dans une moindre mesure, c'est aussi vrai pour le Kodachrome à la production arrêtée en 2009 par Kodak.

Un groupe de travail commun réunissant les archives du film, des professionnels de l'image et la C.S.T (Commission Supérieure Technique), s'est penché fin 1996 / début 1997 sur la question des problèmes de conservation des vieux films "Safety": vieillissement de l'émulsion, décrochage des couleurs, etc. Il est indiscutable que le problème est encore assez mal méconnu dans les détails du processus. L'attention des professionnels et du public se porte quasi exclusivement pour le moment sur les "plans nitrate", comme celui du C.N.C. en France, relayé par une politique de valorisation et de diffusion des cinémathèques des premiers films du cinéma. C'est déjà une chose, mais ne vaudrait-il mieux pas "prévenir que guérir" ?

A partir des années 1960 pour certains fabricants (spécialement de pellicules Super 8), mais surtout depuis les années 1985, le support polyester (téréphatalate de polyéthylène) a progressivement remplacé le support acétate. Pour le 35mm, depuis 1997, toutes les copies sont sur ce support, qui bien que plus léger et fin, est si résistant et si solide qu'il est un danger pour les appareils car il ne casse plus (ce qui parfois vaudrait mieux en cas d'incident). C'est pourquoi les projectionnistes "à l'ancienne" ne l'aimaient pas et qu'il n'était d'ailleurs que marginalement utilisé depuis son invention vers 1945.

Les derniers négatifs la marque Kodak restent d'ailleurs en support tri-acétate pour ses négatifs pour ne pas abîmer les griffes des caméras. Il présente de grandes qualités mécaniques et une excellente stabilité (on parle même d'une conservation du support de 1000 ans) mais ne résout toujours pas les problèmes de conservation de l'émulsion. C'est un problème qui s'était aggravé à la fin de l'exploitation argentique (dans les années 2000) de par la nature de plus en plus "consommable" et industrielle des dernières copies avec un standard de qualité à la baisse. Il me semble, comme à d'autres collectionneurs, que ce support polyester sèche vite et devient collant... Alors ?!

Le numérique bien sûr est aussi devenu un moyen de conservation des films (après avoir facilité entre autres leur restauration) mais cela n'est pour le moment valable (dans l'absolu) que très partiellement, puisque si des recherches évoluent sur des Glass disc et autres supports, pour le moment l'espérance de l'intégrité des données numériques sur les bandes magnétiques, disques durs et même les disques optiques (DVD, Blu Ray, etc.) est assez faible. Pour le moment, je rappelle que le seul support pérenne pour la conservation des films est toujours le 35 mm en support polyester et aucune instance internationale comme la F.I.A.F. (la Fédération Internationale des Archives du Film) ou l'U.N.E.S.C.O. n'a encore désigné un support numérique capable de la même performance. (ce que dans la page voisine, je rappelle également en citant une étude de François Ede)

Un travail de restauration, voire de reconstitution d'une partie des "photogrammes" manquants ou abîmés peut être indispensable pour que l'œuvre puisse à nouveau être montrée au public.

En numérique, tout est plus facile même si.. mais il n'existe toujours pas de moyens de réaliser, du moins économiquement, une sauvegarde à qualité égale de l'argentique (c'est à dire sans pertes dues à un transfert de support qui n'est jamais neutre).

Si des moyens existent d'une reproduction la plus fidèle possible, cela est encore inaccessible pour beaucoup de restaurations qui sont effectuées dans une définition (résolution) et des réglages (colorimétrie, contrastes, etc.) plus proches la vidéo que du film photochimique (avec son grain particulier qui "fourmille" d'une image à l'autre). C'est cependant assez logique et inévitable puisque l'exploitation est aujourd'hui (depuis mars 2013) quasi exclusivement en "D-cinema" (cinéma numérique). C'est dommage car c'est une image d'une autre nature (car vidéo) que celle de l'argentique, qui devrait être vue en argentique (ce qui était réciproquement vrai pour la vidéo pendant au moins une décennie au tournant des années 1990-2000 et déjà compliqué par l'étalonnage numérique devenu majoritaire dès 2006).

Si tout va très vite dans l'accélération des progrès techniques... parfois la technologie n'est pas aboutie et par exemple beaucoup de restaurations numériques effectuées les années passées en SD (Standard Définition en vidéo) ou même en 2K (en HD et TVHD) sont à refaire avec l'arrivée du du 4K ou 8K et plus. Il en va de même, bien sur, pour l'édition vidéo (y compris via Internet) et il faudrait refaire, encore et encore, la grande majorité des télécinémas à partir d'images en "qualité argentique" sans "upscaller" l'image.

Souvent considérées comme vieillottes, ou avec mépris, les copies "argentiques"/"photochimiques", bien avant les ravages du temps continuent de disparaître, dans un pays si fier de ses "archives du film" et de son patrimoine. Certains types de films considérés comme secondaires sont plus concernés que d'autres.

S'il y a 40/50 ans, les films se retrouvaient souvent sur les trottoirs ou dans les poubelles (dans l'indifférence générale), c'est bientôt peut-être de grandes quantités de films argentiques qui vont les rejoindre à nouveau avec déjà des milliers de projecteurs (surtout vers 2011 avec une prime à la destruction du C.N.C. et l'accélération de la mutation). Comme d'habitude, il n'y aura pas que des copies multiples mais de petits films uniques (même de famille) témoignages d'époques révolues.

Des tonnes de copies de films sont encore régulièrement détruites au delà de la réglementation qui l'impose comme pour le 35 mm après exploitation commerciale. Il s'agit en théorie de copies multiples mais des incidents peuvent aboutir à ce que la raréfaction des copies "complique" leur accessibilité et qu'un nombre très réduit de copies conservées ne devient nul au 1er incident venu.

Ces destructions ont aussi pour but de forcer les utilisateurs à passer par la vidéo au regard d'une demande de plus en plus faible pour les "copies de prêt en support photochimique" et de libérer de l'espace dans des centres d'archives encombrés. Par exemple en 1996 le C.N.D.P (Centre National de Documentation Pédagogique) (où j'ai fait un petit séjour comme stagiaire et employé à Montrouge en 1997) et l'ECPA en 2000 (après mon passage en 1999) ont détruit des tonnes de films dans un geste motivé par ce qu'on pourrait qualifier d'une politique "pragmatique" liée au changement de statut de l'établissement (qui est devenu un Établissement Public Administratif) et à la perspective de l'abandon de l'argentique comme moyen de diffusion, de communication ou de production (en 1992 pour le CNDP et en en 2003 pour l'ECPAD). De même pour la structure dont je m'occupe aujourd'hui, en 2016  pour gagner de la place et passer au principe de la copie unique.

Cependant un film, quel qu'il soit (même un positif), devrait être considéré comme un document unique jusqu'à preuve du contraire ! Ils participent même dans le cas des films amateurs à la sauvegarde de la mémoire collective.

Le film amateur est de plus en plus recueilli et valorisé par les centres d'archives régionaux comme depuis 1986 la Cinémathèque de Bretagne ou depuis 2006 Centre Images puis CICLIC (qui dispose d'une très belle infrastructure à Issoudun). De nouveaux émergent comme l'Atelier du 7ème Art et ils auront un rôle important à jouer pour sauvegarder notre mémoire collective.

Certaines grosses entreprises commencent d'ailleurs, avec cynisme, à prendre conscience de la valeur patrimoniale de ces images, qui les concernent mais qui ne les intéressaient plus, pour meubler leurs sites vitrines sur le "web 2.0" par exemple. Mais quelle soit morale ou financière... ce qui compte c'est que la motivation à sauver les films existe.

Les pertes accidentelles existent aussi comme, par exemple, pour la seule Cinémathèque française : l'incendie des entrepôts de films au Pontel en août 1980 avec 80 000 bobines (soit entre 7000 et 12 000 films dont beaucoup de négatifs originaux) ou, plus récemment, pour le "non film", l’inondation du musée du cinéma au Palais de Chaillot en 1997 et un incendie à la Bifi le 28 janvier 2002 concernant plus de 13 000 cartons d’archives stockés, etc. Gaumont-Pathé archives a connu également il n'y a pas si longtemps une inondation ayant porté atteinte aux négatifs originaux d'un film très connu, etc. A l'étranger, comme en Allemagne ou récemment en Suisse des incidents du même ordre ont eu lieu comme une inondation de la Cinémathèque Suisse en 2013.

Les accidents sont juste une question statistique (et ce dans tous les domaines) et ils sont avec le temps quasi inévitables. Les collectionneurs de cinéma sont donc aussi, même avec de simples positifs, une sécurité de plus pour un système qui a tendance à regrouper tous les œufs dans le même panier (par exemple pour une grande part des négatifs français sur un seul site chez un prestataire privé).

De nombreux employés ou même de cadres de certaines cinémathèques n'ont aucune connaissance dans le domaine des supports (même si cela s'arrange via des formations comme celles que je dispensais à l'INA jusqu'en 2017).. Et sont parfois comme "une poule devant un couteau" si on leur montre une copie de film comme j'ai pu le voir trop souvent ! Comment a-t-on pu en arriver là (et si vite) même si l'arrivée constante de nouveaux supports se juxtapose avec de nombreuses technologies d'enregistrement anciennes ?

Dans le même registre, j’ai été, jusqu’à présent, très souvent saisi devant l’ignorance ou au mieux la "circonspection" de nombre d’acteurs du monde officiel des archives cinématographiques, des programmateurs, des distributeurs et même des ayants-droits vis à vis des collectionneurs ! D'où mes efforts sur le sujet et mon thème de recherche. Depuis 2014, c'est le cas de certains exploitants et même des projectionistes de cinéma qui reculent devant la perspective de projections en argentique.

 

II) Les mutations des collections privées, les raisons de continuer !

J’ai voulu comprendre, pourquoi on en était arrivé à la situation actuelle: les collectionneurs de films argentiques restent souvent en marge de la prise de conscience institutionnelle des problèmes de conservation du support film. Ces collectionneurs privés.. « individuels » sont pourtant, de fait, de façon cumulée, les gardiens d’une part non négligeable du patrimoine audiovisuel !

A quelques exceptions près, on peut établir le constat d'une incommunicabilité croissante depuis la fin des années 1970 [et la mort d'Henri langlois ?] jusqu'au nos jours entre un certain nombre d’acteurs du secteur des archives audiovisuelles ayant des carnets d’adresses presque vides et le milieu des collectionneurs. Il existe une défiance (générale) de part et d'autres sur ce sujet, en raison de l'évolution du climat légal mais aussi historique et sociologique, alors, qu'enfin, il y a une prise de conscience sur la notion de patrimoine audiovisuel. C'est pour ces raisons que j'ai voulu faire une thèse sur le sujet des collections privées de films de cinéma en support argentique en France.

L'arrivée de la télévision (surtout à partir des années 1960 en France), puis à la fin des années 1970 l'arrivée du magnétoscope dans les foyers ont concurrencé le support film. Les ciné-clubs (alors en en vogue puisqu’il y en eu jusqu'à 10 000 en France) ont dans leur grande majorité aujourd'hui disparu et avec eux un certain esprit cinéphilique, une certaine fétichisation et magie prêtée au support photochimique. L'arrivée du "Cinéma numérique" annonce une nouvelle ère où le "cinéma" (vocable dérivé de la technologie du "cinématographe") va être détaché du support qui fut le sien pendant plus d'un siècle !

Tous les formats ont un intérêt particulier comme le 9,5 mm, un petit format qui fut très populaire en France et dont certaines éditions de films sont aujourd'hui très rares. Il est d'ailleurs à signaler que ce type d'éditions, de films de long-métrage, des années 1930, était généralement incomplet car remonté dans des versions courtes et de plus muettes (avec des cartons expliquant l'action au fur et à mesure). Il est à noter que bien plus "amateur" que les deux autres, ce format a déjà été utilisé pour des restaurations car le rendement du format est très bon de par la taille du photogramme comparé (voir les pages sur le sujet) en proportion au 8 ou Super 8mm.

Le format 16 mm (qui est souvent encore le cœur de ces collections) était alors aussi réservé aux petites salles, aux projections dans les avions (en son magnétique multilingue) ou dans les écoles. Historiquement, le 16 mm fut d'ailleurs à une époque le premier support de distribution avec en 1947 : 5300 exploitations (y compris itinérantes), effectuées en 16 mm (c'est à dire autant que l'ensemble des salles de cinéma aujourd'hui). Il céda, dans les années 1980, la place à la vidéo projection. Dans l’Éducation Nationale, les sociétés, etc. les magnétoscopes VHS se généralisèrent. Le réseau de distribution pornographique cinéma et quelques écoles de cinéma furent les derniers à utiliser le 16 mm dans les années 1990 comme support de visionnement opérationnel. Restent pourtant encore quelques très rares copies exploitées dans les salles Art et Essais pour des rétrospectives, des festivals ou le court métrage.

A partir de 1964 (lors de la réforme du "cinéma non commercial" en France), la réglementation a commencé à évoluer, petit à petit, toujours dans un sens plus restrictif (bien que flou) et malgré l'arrivée du format Super 8, la concurrence de la vidéo à partir des années 1970 a amorcé un certain déclin de ces collections et de la pratique de la projection par les amateurs, en particulier au début des années 1980.

La société parisienne Les Grands films classiques a cependant résisté jusqu'en 1993 pour finalement ne laisser que l'occasion. La disparition progressive des officines spécialisées dans la location-vente des films argentiques (Gayout, Goulard, Shaffar, jusqu'à Nouchy avec Occafilms en 2001) a modifié la nature des échanges plus orientés vers Internet (dont e bay) et les foires (bien qu'il existe encore au moins quelques rares marchands en France fin 2014 dont "La Bande des Cinés" à Paris ou MB Cinéma à Poilly-les-Giens).

Beaucoup ont choisi de passer à la vidéo, avec la démocratisation de la vidéo projection depuis les années 1990 et l'arrivée du DVD à partir de 1997 et plus récemment le Blu Ray, dont la qualité est très bonne (en comparaison de certaines copies 16mm usagées). Mais d'autres font toujours du 70mm ou ont voulu reconstituer le dispositif cinématographique jusqu'à reconstituer ou posséder une salle conforme à leurs rêves de cinéma !

Le déclin de la collection de films s'est donc amorcé avec la concurrence de la vidéo et petit à petit l’arrêt de la location-vente mais aussi des prêts (dans les ambassades ou les ministères par exemple) alors que les moyens de trouver des films étaient précédemment nombreux de même que les catalogues. Il est par exemple curieux de se dire que, dans le cadre de séances « non commerciales », certains films qui étaient prêtés gratuitement en 16 mm (comme ceux de l'Office National du film du Canada) sont aujourd'hui hors de prix.

Les moyens de se procurer des films ont été et sont encore nombreux aujourd'hui, de la salle des vente aux petites annonces sur Internet en passant même par les saisies de douanes. Dans la pratique, il fut possible de trouver des films d'édition (pour les amateurs) en France au moins jusqu'en 1977 pour le 16 mm et jusqu'en 1993 pour le super 8, sans parler de la liquidation des stocks et l'occasion jusqu'à nos jours. En Grande-Bretagne pour le Super 8 et le 16 mm, il était possible de trouver des copies neuves en format sub-standard jusque vers 2010 chez Derann.

Collectionner dans notre pays (1er pays au monde en nombre de lois et règlements) où tout est interdit jusqu'à preuve du contraire, est chose difficile, spécialement depuis l'arrivée de la vidéo, car la peur de la diffusion massive préoccupe les ayants droits ou les pouvoirs publics (qui ne semblent plus connaître et légiférer qu'à partir de la vidéo.. et de l'Internet aujourd'hui).

Suite à quelques affaires entre 1964 et jusqu'à ces dernières années (nées de dénonciations anonymes de personnes qui mettaient généralement de grosses listes de films à la vente), la parano s'installe, petit à petit chez des collectionneurs qui se replièrent sur eux-mêmes vers 1996-2003. Il ressort pourtant des procès qui ont eu lieu que c'est "la mise à disposition du public" (même gratuitement) qui est répréhensible et pas leur possession (même en 35 mm). Nous pouvons d'ailleurs nous appuyer sur la cassation du cas "Gayout" affaire non déjugée depuis l'arrêt du 17 mai 1973 : "La détention d'un film sans que son détenteur soit cessionnaire du droit de représentation n'est pas illicite, mais qu'en revanche constitue une diffusion prohibée par la loi" .. mais il est sans doute préférable de rester discret surtout pour le 35 mm (même pour les collectionneurs ayant pourtant une démarche très éloignée des fans de la consommation massive de streaming sur Internet).

Pour la plupart des films en format sub-stardard, la loi est la même que pour la vidéo... Ni plus... Ni moins non plus et c'est même encore parfois visible sur les boites comme ci dessous.

Les formats substandards sont parfois même assimilés par le code des impôts français à des "métaux et objets précieux" mais il faut se méfier d'une réglementation complexe, changeante et parfois même contradictoire (pour le 16 mm en particulier), c'est ce que les magistrats, eux mêmes, appellent "l'insécurité juridique".

Certains, sont parfois en droit de penser que "c'est hôpital qui se fout de la charité" mais le principe "de précaution" est de mise et c'est une raison de plus de rester propriétaire de vos films. Le plus important, c’est que même en marge de la loi, les collectionneurs ont réussi à préserver des films dont personne ne voulait plus, même dans certains cas leurs propres ayant-droits.

Il faut cependant faire attention et ne pas collectionner de films en support nitrate en quantité, car c'est interdit à partir de 45 kg (pour une fois, à mon sens, à juste titre), ni donc projeter en dehors de chez vous ou en public des films sauf : des copies tombées dans le domaine public (bien restreint en France.. attention aux ré-éditions), les films vendus à l'origine avec des droits non commerciaux spécifiques ou une autorisation particulière devenue quasi impossible à obtenir du fait des fédérations de ciné-clubs qui font barrage.. comme dans le cas de la vidéo (ni plus.. ni moins).

Si on pousse le vice assez loin (certains aiment ça), on pourrait aussi aborder la notion de « séance cinématographique » à partir de 59 minutes ou encore l'obligation théorique de déclarer toute projection en plein air aux délégués régionaux du cinéma.

N'oubliez pas de toute façon qu'en France, nous sommes au pays des dénonciations anonymes (de 3 à 5 millions entre 1940 et 1944) et que vous n'irez pas loin avec vos copies, surtout si vous rentrez en concurrence avec plus gros que vous (un cinéma de province ou un distributeur sourcilleux même avec un titre qu'il n'aura jamais et pour une séance gratuite). L'air du temps n'est plus franchement bon enfant dans ce domaine comme dans d'autres (et "judiciarisation", "pénalisation" sont les nouveaux mots que nos enfants apprendront dès la maternelle).

Beaucoup de cinémathèques rechignent à montrer ou à prêter leurs copies argentiques. La logique de la conservation s’oppose de plus en plus souvent à celle de la communication des œuvres, c'est à dire leur visibilité en attendant leur numérisation.

Alors qu’une certaine cinéphilie traditionnelle disparaît et que les cinémathèques se transforment, que va-t-il rester de la possibilité de voir certains films ? En particulier dans le cadre du passage au numérique dont les catalogues (spécialement français) seront forcément assez pauvres en films anciens pendant longtemps. Des distributeurs ne cherchent même plus, et depuis quelques années, à diffuser leur propres films en argentique pour des programmations ponctuelles dans des festivals par exemple... C'est "compliqué et pas assez rentable".

Se pose donc le problème de la visibilité des films (dont la première fonction est pourtant d'être vu) et de l'inventaire de ces collections au statut de plus en plus ambigu (malgré la part importante de films d'éditions équivalant statutairement aux vidéos d'aujourd'hui et la valeur patrimoniale de beaucoup d'autres).

Dans mon travail de thèse sur le sujet, je proposais, en 2009, par ordre décroissant des apports possibles en volume par rapport aux manques, la liste suivante de ce à quoi peuvent aider les collectionneurs français sur le plan patrimonial :

  • Films amateurs en support photochimique de toutes époques et provenances
  • Bandes annonces de films de long-métrage de toutes provenances avant 1994
  • Courts-métrages de fiction en support photochimique de toutes périodes
  • Films institutionnels et publicités en support photochimique de toutes époques
  • Films documentaires photochimiques de toutes provenances avant 1994
  • L'ensemble de la production pornographique des débuts du cinéma à 1994
  • Films de long-métrage français des années 1960 à 1989
  • Versions françaises de films de long-métrage étrangers avant 1994
  • Films de long-métrage étrangers de toutes époques avant 1994
  • Séquences de films de long-métrages français avant 1940
  • Intertitres de films muets


Le premier obstacle à la visibilité des films est en effet le droit ! Les lois et les règlements qui visent à protéger l’intérêt des ayants-droit des films peuvent aussi, dans de nombreux cas, rendre les films invisibles. Si l’on peut comprendre la logique de fond des limitations à la liberté de diffuser des contenus audiovisuels pour rémunérer les auteurs et les éditeurs, il n’en demeure pas moins que cette restriction de l’accès à la culture est très ambivalente sur le plan de l’intérêt des œuvres elles-mêmes dont la raison d’être est d’être connue et diffusée.

On observe que certaines grandes institutions françaises (privées ou publiques d'ailleurs) pratiquent ce que l'on appelle maintenant le "Copyfraud", c'est-à-dire une marchandisation excessive de films "tombés" dans le domaine public dont elles empêchent de ce fait la divulgation au public. Il faut savoir que la contrepartie du droit d'auteur est qu'au bout d'un certain nombre d'années, la portée dans le temps des droits patrimoniaux s'arrête au bénéfice de tous. Je rappelle ici qu'ils sont généralement de 70 ans avant la mort du dernier des co auteurs même s'il y a des exceptions bien plus courtes, par exemple, pour des films produits par l'état fédéral américain ou des actualités cinématographiques sans auteurs (car produits par une personne morale avec un décompte à la diffusion de l'œuvre de 50 ans) ou, à l'inverse, bien plus longues (soit 100 ans) si un des auteurs est mort pour la France.

Les films doivent rester visibles, surtout pour les plus anciens, ce qui devient un combat pour moi suite à de graves rétentions dont j'ai été le témoin dans la perspective de l'anniversaire de la guerre 1914-1918 dont la diffusion et donc la connaissance de films d'archives sont encore souvent impossibles dans la pratique ! C'est pour cela, qu'en particulier depuis 2012, je me rapproche du combat pour la notion d'instauration d'un "Copyfraud" pour les images dans le domaine public et que la peur de montrer ou pas change un peu de champ !

Prix des séances "non commerciales" qui, d'une façon générale, sont excessifs. Demander pas moins de 800 euros de droits pour la diffusion, en "non commercial", dans le cadre d'une cérémonie de mémoire auquel je participais... pour 7 secondes d'un film de 1919... aboutit à ce qu'on ne puisse voir ces images bien que le désir en soit très fort pour une diffusion souvent bien légitime (par exemple, dans de petits ciné-clubs de province ou lors de cérémonies de mémoire communales).

Autre exemple, au plus près de la question des collections de films : les projections de films anciens conçus et édités pour être diffusés gratuitement pour des "séances non commerciales" à partir de copies 16mm, deviennent payantes de par le changement de statut administratif d'établissements comme, par exemple, à l'ECPA-D... Et ce... même devant les "publics" qui relèvent de leur raison d'être initiale pour des missions de service public (formation, cérémonies militaires, prophylaxie, etc.). Militer en ce sens, au bénéfice de la collectivité et de sa mémoire, est mon combat depuis quelques années maintenant.

J'observe d'ailleurs une grave contrepartie à cela en matière de rayonnement de la France vis à vis des États-Unis et autres pays où il est plus facile de mettre en ligne des archives "historiques" ce qui a de graves conséquences historiographiques comem ce fut le cas lors de l'annierssaire de la Grande Guerre en 2014-2018.

En effet, il ne faut pas faire confiance à la majorité des chercheurs ou des documentaristes pour chercher des films hors des sentiers battus et balisés que sont les interfaces commerciales de sites de l'INA (Ina media pro) ou même Youtube.

Certes comme disait Malraux : "par ailleurs, le cinéma est une industrie", mais c'est quand même aussi un "Art" ! .. Non ?

Nombre de films dormiront donc encore longtemps en attendant des jours meilleurs.. C'est à dire plus "d'intérêt".. de la part des politiques, de pseudo "conservateurs" et de distributeurs moins obnubilés par la seule rentabilité (ou une occasion de rattraper leurs négligences passées) et plus par : le Cinéma (avec un grand "C" qui est peut-être d'une nature plus "Cinéphilique") !

Dans mon travail de thèse sur le sujet, en 2009, je proposais également la liste en ordre décroissant des apports possibles en volume par rapport aux besoins mais aussi de la demande "programmatique" en particulier pour le cinéma "non commercial" :

  • Films de long-métrage étrangers de toutes époques.
  • Films de long-métrage français de toutes époques avant 1990
  • Films burlesques américains du cinéma muet
  • Bandes annonces de films de long-métrage de toutes provenances
  • Films documentaires de toutes provenances avant 1970
  • Actualités cinématographiques (généralement pour des projections non déclarées - donc illégales).
  • Films publicitaires avant 1970

Dans un autre registre, les prix des objets de cinéma ont flambé ces dernières années : les affiches, les carters, les projecteurs ou même les scopitones etc. ont vu leurs prix carrément doubler avant de redescendre un peu à partir de 2010 en particulier pour le 35mm qui ne vaut presque plus rien (pour le moment). Il y a certainement plusieurs raisons à cela : la raréfaction du matériel qui vieillit, l'élargissement de la clientèle via Internet aux "Bobos" (qui ne sont pas toujours regardant sur les prix du "vintage") et enfin la logique spéculative de beaucoup de "marchands".

Malgré tout cela, nombre de collectionneurs de films résistent encore (et sont peut-être encore quelques centaines ?! parmi les 100 000 collectionneurs français de cinéma, que recensait, en 2000 une étude de la documentation française). Ils ont encore envie de conserver du support film argentique pour faire fonctionner leurs appareils de cinéma et possèdent parfois de vraies musées même si, chauqe jour certains disparaissent !

Puisque nous sommes encore nombreux, nos ressources cumulées valent pourtant peut-être celles de la Cinémathèque française !

Dans un sondage que j'ai effectué pour ma thèse (voir plus haut le lien) fin 2005 - début 2006, 1/3 des collectionneurs consultés déclarent une collection de plus de 100 films de long-métrage même si l'âge moyen du collectionneur de films français est assez avancé avec, pour l'ensemble des personnes interrogées début 2006, une moyenne d'âge de 60 ans (soit, probablement, dans les 70 ans en 2019) ce qui, forcément est inquiétant pour l'avenir tant que les institutions ne se sont pas subtitués à eux dans tous les domaines.

Certains particuliers disposent de collections importantes tant sur le plan de leurs volumes que parce qu’elles sont souvent constituées de films « à la marge » du système en 16 ou 35mm. Ils disposent ainsi parfois de titres délaissés par l’édition vidéo, ou absents chez les institutionnels chargés de collecter les copies ou encore dont les ayants-droit n’ont voulu conserver leurs films après leur exploitation initiale. Alors à qui la faute !? Les collectionneurs privés ont un rôle à jouer en étant bien souvent moins élitistes dans leur démarche que les cinémathèques officielles et en stockant (donc en préservant) des films le « tout venant », c’est-à-dire de permettre de sauver des films qui manqueront peut-être aux cinémathèques du futur.

Le collectionneur est en effet guidé par le hasard ou par sa subjectivité, avec une logique différente des échelles de valeur économiques, esthétiques ou historiques habituelles.

Sur le plan des formats, même si le 16 mm est encore le plus répandu avec 90,5% d'équipés (non exclusifs ou pas), certains particuliers sont les seuls à posséder en nombre certains formats rares (17,5mm, 22mm, 28mm etc..) et sont capables de les projeter. 71,7 % des sondés possèdent plus de 5 appareils et l'un même 1000 ! Dans mon sondage, le 35 mm est en fait assez courant avec 44,6% de collectionneurs d'équipés dont certains nouveaux entrants de manière exclusive.

La tendance depuis ne doit que désaccentuer en banalisant plus le 35mm chez les derniers « résistants » de l'argentique.

Que cela soit pour les films mais aussi pour le matériel technique (projecteurs), nous allons devenir des témoins de cette époque en passe d'être révolue, celle du Cinématographe, "le vrai", sur support photochimique. Par ailleurs nous pouvons nous réjouir de la longévité de la capacité opérationnelle des projecteurs et des caméras de cinéma. Leur rusticité permet généralement de les utiliser plus de 60 ans là où c'est plutôt une dizaine d'années pour le matériel vidéo. La seule limite à l'utilisation du film est en fait la fin de la production de l'argentique (à l'instar du célèbre Kodachrome) de l'incompatibilité nouvelle des nouveaux supports (nouvelle piste son cyan en 35mm), etc.

L'importance des festivals et foires de collectionneurs comme les "Les Cinglés du cinéma " à Argenteuil ou des associations (l'A.L.IC.C,le Ciné-club 9,5 de France) ou encore des réparateurs (qui se font rares) sera croissante dans les années à venir car les difficultés techniques vont devenir plus nombreuses (pour trouver des lampes, etc.). Il faudra plus encore qu'auparavant se rencontrer pour échanger (conseils et petit matériel) et sauver des films.



III) Des conseils pratiques

Bien sûr, nous ne pouvons à titre individuel généralement respecter les conditions de conservation idéales définies, qui sont de pas plus de 50% (+ 10%) d'hygrométrie et 11/12°C (+2°) de température ambiante pour le film en Noir et Blanc ou entre 3 et 8°c pour la couleur dans des boites en polyéthylène (en "plastique"). L'ECPAD a ouvert en 2007 deux "poudrières" pour le stockage de ses films capables de réaliser un 35% d’hygrométrie et 3°c comme l'offrent certains prestataires stockistes. La température et l'hygrométrie étant les conditions premières du vieillissement accéléré des collections. Les spécialistes helvétiques indiquent même qu'à 20% d'humidité et 4°C, les films tiendraient 800 ans ! Sans vouloir jouer à Highlander pour vérifier, je suis sceptique. L'idéal étant simplement une cave sèche ou un grenier bien isolé (du fait des amplitudes thermiques) et une bonne boite.

Le lavage "imparfait" d'une copie au laboratoire lors d'un tirage peut entraîner la présence de composants chimiques comme le formol. Ils s'avéreront plus tard nuisibles à la conservation de l'émulsion, voire même du support, sans que l'on puisse le suspecter dans les premières années de la "vie" d'une copie. De même, des procédés techniques "couleur", dérivés de "l'Agfacolor" de 1939 (mais aussi surtout les plus récents), sont susceptibles de ne pas conserver les couleurs d'un film couleur ! Alors que celles en Technicolor d'origine tiennent très bien. En pratique, presque tous les films en couleurs que vous pouvez posséder sauf ceux en Technicolor n4 vireront ou sont déjà virés (généralement) au rouge ou au "pastel". Le Kodachrome lui aussi se conserve d'ailleurs très bien et laisse à penser que les films seront encore là lorsque les vidéogrammes des transferts de ces films ne seront plus.

Pour ces raisons, il est très intéressant de remarquer que, en dehors de toute logique chronologique, suivant les années et les procédés de tirage, que les copies positives ne se conservent pas de la même façon, bien que toutes stockées dans des conditions de température voisines. Au sujet de ce problème de "virage" (qui existe pour tous les formats et procédés de films couleurs sauf le Technicolor "historique" par imbibition) il est possible à la projection d'utiliser des filtres de compensation (bleu ou vert) qui peuvent parfois rattraper une partie du problème.

Certains films peuvent rendre l'âme au niveau du support pour des raisons d'instabilité chimique (liées à l'acide acétique) via le dit "syndrome du vinaigre". Il peut être aidé par : l'humidité, une mauvaise ventilation mais aussi les changements de température (exemple la canicule de 2003) et peut même ressembler à la "violence" de la décomposition du support nitrate !

Voir, ci après, le lien vers un article en ligne que j'ai écrit pour Family Movie (une société spécialisée dans la numérisation des films) .

Lien externe (avec une partie que j'ai réalisé sur le support film, sur l'entretien des films et les menaces comme le syndrome du vinaigre qui menace les collections)

Certaines autres maladies externes (champignons ci dessous) peuvent aussi s'attaquer aux films et faire disparaître l'émulsion mais aussi le support lui même. Les films devront tout simplement être nettoyés de ces agents biologiques par un coup de chiffon énergique ou éventuellement, mais avec prudence, avec des produits dédiés.

Le 16 mm est un format très pratique car de petite taille et d'un bon rendement du point de vue de la qualité de projection mais il est relativement fragile à l'usage. Chaque projection nécessite un contrôle (petite restauration) de la copie avant projection car les coulures sont parfois nombreuses et pas toujours de qualité, car réalisées par des amateurs avec du scotch classique (non cinéma) et peuvent donc lâcher.

Les scotchs (non cinéma) sont très nuisibles car ils collent et bavent avec le temps, il vous faut des scotchs ou des colles non acides que l'on ne trouve qu'en de rares endroits. La colle film (qui n'est pas compatible avec le polyester) implique une opération plus "lourde" qui entraînera une toute petite épaisseur (saillante) et une rigidité qui peut parfois poser problème au projecteur (même si l'opération de biseautage au rasoir fait plus pro et laisse intact le photogramme). Le renforcement des collages (dont la durée de vie est aussi variable que les scotchs) demandera parfois justement un renforcement au scotch qui du même coup lissera le film. Signalons aussi qu'il existe aussi des colleuses à chaud qui soudent bout à bout les films et de petites machines spéciales (Cinecare, Cinebug) capables de réparer plusieurs mètres de perforations abîmées.

Les films doivent être enroulés ni trop serré, ni de manière trop lâche. Les carters doivent être droits (et pas déformés).

Bien sûr, nous avons tous des copies qui ont connu une exploitation ou des locataires pas très expérimentés et sont fatiguées sur le plan mécanique par les flottements lors des passages dans le projecteur ou l'enrouleuse. Il est à ce propos très important de mettre le plus d'amorce possible au lancement car c'est là que les films s'abîment le plus.

Sachez que le potentiel théorique d'un film acétate est au grand maximum de 1000 passages, ce qui laisse présager des vies bien remplies qui aujourd'hui nécessite un contrôle rigoureux des collages. Paradoxalement  même un film rayé aura un potentiel dans le futur, grâce à la restauration numérique!

Il faudrait donc être indulgent lorsqu'on regarde un film en argentique car sa puissance est entre les rayures et le numérique pourra permettre d'en tirer la quintessence lors d'une restauration.

Enfin certaines boites s'oxydent plus vite que d'autres (et pas forcément les plus vielles, en particulier celle de marque Fuji) !

Il va sans dire que l'humidité est une des premières menaces.

Le film peut être piqué et gravement endommagé par la rouille qui mange les boites, il faut alors les changer sans attendre. Ce n'est pourtant pas facile en 16 mm, car trouver des boites neuves en plastique à des prix raisonnables est difficile. Mettre par défaut des films en 16 mm dans des boites de 35 mm pose le problème de l'écrasement des bobines dans les piles, car 2 bobines de 16mm avec leurs carters ne rentrent pas tout à fait dans une boite de 35 mm, ce qui est dangereux à long terme pour la copie.

Contrôler régulièrement ses films semble être un réflexe utile même s'il est parfois fastidieux. Lors des changement de boites, notez tout ce qui était noté dessus même si cela ne vous semble pas toujours utile sur le moment.

Pour la conservation, le sens idéal de l'enroulement pour l'émulsion (partie mate) est lui aussi objet de discussion (nous conseillons ici l'intérieur comme normalement).

Pour ce qui est des recettes, comme les papiers journaux dans la boite ou l'inversion du support à l'enroulement, un film d'huile de paraffine, j'ai lu et vu des choses contradictoires sur le sujet et certains le déconseillent vivement alors que d'autres le recommandent, alors...? Dans notre cas, des films stockés avec un journal depuis 50 ans ne semblent pas s'en plaindre (et c'est sympa de retrouver le dit journal). Pour ce qui est du sens des bobines, la verticalité nécessaire aux supports magnétiques comme les K7 vidéos ne s'impose pas aux films de cinéma, généralement non magnétiques (bien que les piles trop grosses soient dangereuses). Les plus grands centres d'archives mettent parfois des "tapis moléculaires" dans les boites pour absorber l'humidité et les changent tous les 3 ans.

Pour les films avec des pistes sonores magnétiques, la conservation est finalement meilleure que ce que l'on pouvait escompter il y a quelques dizaines d'années.

Au sujet du nettoyage des copies, le Trichloréthylène semble être le produit miracle (d'autant que très volatile, il ne restera pas sur vos films) mais chacun à sa petite recette allant de la bave ! en passant par l'incontournable paraffine etc. L'usage du trichlo est aussi recommandé pour les appareils avec l'alcool à 90° mais sont proscrits l'alcool à brûler et l'acétone (même si ce dernier produit a parfois un usage, sous formes de vapeurs, pour "détendre" le nitrate) et l’alcool à brûler en fine couche dans certaines configurations pour le film . Il existe cependant des produits spéciaux en vente sur internet comme le « Vitalfilm » ou « Film Nettoyeur » bien plus adaptés.

Le site très intéressant site Internet Super 8 Bauer Nizo propose des produits à la vente. Un ami sellier tapissier vend le petit velour noir qu'utilisent beaucoup d'établissements comme Ciné-Archives ou les prisons de femmes qui travaillaient, jusque début 2015, pour l'I.N.A de même que les prestataires privés spécialisés en France ou délocalisés à en Afrique du nord (en raison du temps de traitement et la main d’œuvre nécessaire).

Rappelons également quelques généralités comme : le fait que le son (optique) correspondant à l'image est à 26 images en dessous en 16 mm et 20 en 35 mm ou que les codes Eastman-Kodak sous forme de symboles (carrés, ronds, croix etc.) en travers du film à coté du "Safety" permettent de dater la copie dans un cycle tous les 20 ans entre 1922 et 1981 puis chaque année avec un code à trois symboles depuis 1982 (rond, carré et X).

En ce qui concerne le stockage du 35 mm, (que sur la base de mon sondage un collectionneur sur deux possède) la question est plus complexe car l'encombrement est maximal (25kg pour 1 seul film). La tendance est chez les collectionneurs pour des raisons opérationnelles, de ranger ses films en 2 bobines de 1800m sans carter mais les risques que le film se déboîte sont importants et le stockage vertical est quasi obligé. Sur le long terme, il semble aussi que le stockage vertical par définition sur une faible surface de contact au sol est nuisible sur le plan de la pression qui entraînera une déformation vers le point de contact. Spécialement s'il n'y avait pas de noyau !

En général, les centres d'archives audiovisuelles que j'ai visités comme la Cinémathèque française (au fort de St-Cyr) rangent leurs boites de 16 mm dans le sens vertical (bien que le sens horizontal soit plus logique et dans les recommandations des spécialistes). Le 70 mm (hé oui... ça fait rêver !) de la Cinémathèque française est lui dans de très grosses valises en métal dans le sens vertical (sauf les films soviétiques dans leurs boites d'origine à plat).

Certains laissent le film dans ses boites d'origine (comme les pros), ce qui demande plus de temps pour le monter et le passer. Une bonne solution (mais plus complexe et coûteuse) est de bricoler des boites de rangements en bois pour bobine de 1800m avec une poignée pour la transporter plus facilement (mesures 62x62x5 cm (avec des parois de 0,5 à 1cm). Un collectionneur avait d'ailleurs fait réaliser un moule en plastique pour faire de grandes boites de 1800m.

Enfin, au sujet de votre salle, pensez d'ailleurs, même chez vous pour votre famille et vos amis à indiquer les issues de secours (si possible 2), posséder des extincteurs à jour ainsi qu'une installation électrique aux normes avec maintenant un détecteur de fumées.


Conclusion :

- Le numérique est très certainement l'avenir de la conservation des images et des sons, mais comme toutes nouvelles technologies, il doit être rodé, au risque de ne plus pouvoir voir les films dans les conditions originales de qualité. Le meilleur rapport de qualité image et de conservation en haute définition des images animées est toujours le support "photochimique argentique" 35mm ou 70 mm, en attendant une évolution vers un réelle amélioration du rapport qualité technique de l'image / facilité de lecture de cette "qualité cinéma" par des supports numériques au même niveau que le film.

Il est important de souligner qu'il existe des associations qui fédèrent les collectionneurs comme l'A.L.I.C.C (L'Agence de Liaison Inter-Collectionneurs du Cinéma) qui existe depuis 1987 mais le climat n'est pas forcément facile. Je dois le dire après avoir passé 11 ans au bureau (entre 2009 et hanvier 2020) dont comme secrétaire général que le climat n'est pas toujours serin, l'inertie ou les jalousies trop fortes. Quoi qu'on fasse nombre de collections finissent à la benne.

Les organismes officiels nous ignorent et nous méprisent (généralement), les éditeurs vidéos (surtout les plus importants) ne veulent que des titres qui "marchent" et font parfois jouer la corde de la répression... mais aidons les quand même par amour des films et du Cinématographe à conserver les films.

De manière ambivalente, la distribution numérique change positivement la donne en favorisant un mode de distribution UNICAST « à la demande » (en VoD, etc.) selon la logique dite de la « long tail », qui rendra rentable ou au moins « consommable » n’importe quel film même le plus pointu des documentaires… du moment qu’il peut encore être… numérisé ; ainsi, même le film institutionnel redevient « un actif » pour un site Internet vitrine.... Du moins en théorie car dans la pratique, je suis bien placé pour vous dire que c'est pas un Eldorado et que le manque de curiosité des chaînes de Tv ou des producteurs est sans limite.

Au-delà de la seule dimension patrimoniale de ces collections, elles pourraient devenir des relais par exemple pour des besoins programmatiques ponctuels alors que la diffusion des films va de plus en plus s’effectuer sous la seule forme numérique, ce qui risque d’exclure les trop nombreux films non rentables à numériser.

Cela étant que les exploitants ou les distributeurs de cinéma se rassurent, je ne veux en aucune manière favoriser une exploitation commerciale ou même publique des films de collectionneurs (du moment qu'il sont l'objet d'un droit d'auteur) en dehors du système, ni être une bourse d'échange de films (il y a des sites pour ça) et suis encore moins un "marchand" (donc pas la peine de m'écrire pour des estimations de projecteurs ou de films, etc.).

Les collectionneurs de films sont aujourd'hui moins nombreux avec le développement de la vidéo projection et l'âge.. Certains "acharnés" ont cependant même du 70 mm, plusieurs milliers de titres ou jusqu'à 1000 projecteurs comme Pascal Rigaud (voir sa collection via l'Atelier du 7ème Art).

Je voudrais juste aider les "petits Langlois" à conserver dans leurs Cinémathèques et essayer de sauver ce qui pourra l'être tant sur le plan du matériel technique (projecteurs, etc.) que des films (en particulier ceux qui sont délaissés par les institutions publiques, comme les films de famille, les films institutionnels, les documentaires, les séries B, etc.).

Bien que les collections privées de films ne stimulent pas la curiosité (chez les universitaires et certains professionnels), il faut renouer les liens, au plus vite, après des décennies de ruptures entre amateurs et professionnels de l’archive de cinéma même si cela ne pourra se faire que dans un climat assaini en qui concerne la question du droit.

J’essaye donc, dans un pays comme vous le savez très fier de son patrimoine et sûr de lui-même, de sensibiliser les personnels des centres d’archives institutionnels, ou des chercheurs à des ressources méconnues dont le potentiel est jugé trop souvent et « a priori » sans grande valeur.

Pour le volet recherche, vous pouvez aller sur la page dédiée

Enfin un comme ciné-archiviste au titre de mes nouvelles fonctions, depuis 2017, à l'université de la Sorbonne Nouvelle comme responsable de la CCEP à la Sorbonne Nouvelle, pour l'enseignement, des animations ou missions en indépendant) et vers mon fonds privé, une structure patrimononiale associative basée dans la Nièvre l'Atelier du 7ème Art .

Continuons donc à collectionner du film argentique, des projecteurs etc. aussi parce que ce sont de beaux objets ! Les images que l'on projette avec un projecteur de cinéma, même depuis une copie fatiguée sont les ombres réelles des photons de lumière qui ont ricoché sur les acteurs.

Le Cinématographe... c'est aussi beaucoup de magie et de charme !

Ci dessus les revues associatives de ce milieu qui ont tendances à disparaitres


N'hésitez pas à me contacter

Frédéric Rolland